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Comme je le ressens

Osíris Rodriguez Castillos

Como Yo Lo Siento

No venga a tasarme el campo
Con ojos de forastero
Porque no es como aparenta
Sino como yo lo siento
Yo soy cardo de estos llanos
Totoral de esos esteros
Ñapindá de aquellos montes
Piedra mora de mis cerros
Y no va a creer si le digo
Que hace poco lo comprendo

Debajo de ese arbolito
Suelo amarguear en silencio
Si habré lava'o cebaduras
Pa' intimar y conocerlo
No da leña ni pa' un frío
No da flor ni pa' remedio
Y es un pañuelo de luto
La sombra en que me guarezco
No tiene un pájaro amigo
Pero pa' mi es compañero

Pa' qué mentar mi tapera
Velay, si se está cayendo
Le han rigoria'o los agostos
De una ponchada de inviernos
La vi quedarse vacía
La vi poblarse de recuerdos
Solo pa' no abandonarme
Le hace pata ancha a los vientos
Y con goteras de luna
Quiere estrellar mis desvelos

Mi campo conserva cosas
Guardadas en su silencio
Que yo gané campo afuera
Que yo perdí tiempo adentro
No venga a tasarme el campo
Con ojos de forastero
Porque no es como aparenta
Sino como yo lo siento
No tiene plata en el cinto
Ni pa' pagar mis recuerdos

Comme je le ressens

Ne viens pas évaluer ma terre
Avec des yeux d'étranger
Car ce n'est pas comme ça que ça paraît
Mais comme je le ressens
Je suis un chardon de ces plaines
Un marécage de ces ruisseaux
Un brin de ces montagnes
Une pierre noire de mes collines
Et tu ne vas pas croire si je te dis
Que je commence à le comprendre

Sous ce petit arbre
Je m'asseois en silence
Combien de fois j'ai lavé mes blessures
Pour m'intimer et le connaître
Il ne donne pas de bois même pour un froid
Il ne donne pas de fleurs même pour un remède
Et c'est un mouchoir de deuil
L'ombre où je me réfugie
Il n'a pas d'oiseau ami
Mais pour moi, c'est un compagnon

À quoi bon parler de ma cabane
Regarde, elle est en train de s'effondrer
Les étés l'ont usée
Avec une poignée d'hivers
Je l'ai vue rester vide
Je l'ai vue se remplir de souvenirs
Juste pour ne pas m'abandonner
Elle fait face aux vents
Et avec des gouttières de lune
Elle veut briser mes insomnies

Ma terre conserve des choses
Gardées dans son silence
Que j'ai gagnées dehors
Que j'ai perdues dedans
Ne viens pas évaluer ma terre
Avec des yeux d'étranger
Car ce n'est pas comme ça que ça paraît
Mais comme je le ressens
Elle n'a pas d'argent dans la ceinture
Ni pour payer mes souvenirs

Escrita por: Osiris Rodríguez Castillos