395px

Chamamé à Cuba

Soledad Bravo

Chamamé a Cuba

Una tarde de enero tomé mi canoa pa'dar una vuelta
Me dijeron cuidate que con la tormenta te vas a perder
Pero soy correntino machazo en mi pago y baqueano en el delta

Salí cuando entraban las primeras luces del atardecer

Cuando ya estaba oscuro como boca e'lobo pretendí volverme
Pero el río engañoso me llevó a empujones a orillas del mar
Y desalentado sin ver más la costa, para entretenerme
Panza para arriba contando estrellitas me puse a pensar

Yo pensaba en lo poco que vale un hombre cuando está tan solo
Pero tuve una idea que en aquel momento me hizo reaccionar
Haré una proeza como Vito Dumas seré Marco Polo
Y al volver a mi pago toditas las guairas me querrán besar

Y a los pocos días de navegación
Tuve una alegría pues ya me creía Cristóbal Colón
Y andaba con pena cuando vi el manchón
Que no era ballena y sí tierra buena, caray qué alegrón

Cuando puse un pie en tierra y eché una olfateada por si era Corrientes
Y al ver a un paisano con una escopeta le pregunté a él
Si el rancho e'La Cambicha quedaba muy lejos, dijo buenamente
Usted está en Cuba patria socialista, tierra de Fidel

Yo quería volverme por lo que leía en el diario La Prensa
Pero al ver los cubanos trabajar contentos por el porvenir
Hoy la tierra es de todos, no hay analfabetos y hasta un niño piensa
Que aquel que entre en Cuba con aires de guerra no podrá salir

Porque aquellos fusiles que ayer apuntaban al pueblo oprimido
Son los que hoy defienden en manos del pueblo su revolución
Son los que en mi pago los llevan milicos de dos apellidos
Son los que tendremos el Moncho Raela, Jesusa y Ramón

Y con mi canoa y mi chamamé
Dejé a Raúl Roa y puse la proa a mi pago otra vez
Y a los correntinos yo he de serles fiel, y aquí yo termino
¡Que mueran los yanquis que viva Fidel!

Chamamé à Cuba

Un après-midi de janvier, j'ai pris ma pirogue pour faire un tour
On m'a dit fais gaffe, avec la tempête tu vas te perdre
Mais je suis correntino, un vrai dur dans mon coin et un pro dans le delta

Je suis parti quand les premières lueurs du crépuscule arrivaient

Quand il faisait déjà noir comme la gueule d'un loup, j'ai voulu faire demi-tour
Mais le fleuve trompeur m'a poussé vers les rives de la mer
Et découragé, sans voir la côte, pour me distraire
Sur le dos, comptant les étoiles, je me suis mis à réfléchir

Je pensais à combien un homme vaut peu quand il est si seul
Mais j'ai eu une idée qui à ce moment-là m'a fait réagir
Je ferai un exploit comme Vito Dumas, je serai Marco Polo
Et en revenant chez moi, toutes les filles voudront m'embrasser

Et quelques jours de navigation plus tard
J'ai eu une joie car je me croyais Christophe Colomb
Et j'étais triste quand j'ai vu la tache
Qui n'était pas une baleine mais une bonne terre, quel bonheur

Quand j'ai mis un pied à terre et que j'ai reniflé pour voir si c'était Corrientes
Et en voyant un gars avec un fusil, je lui ai demandé
Si le ranch de La Cambicha était loin, il a gentiment répondu
Vous êtes à Cuba, patrie socialiste, terre de Fidel

Je voulais faire demi-tour à cause de ce que je lisais dans le journal La Prensa
Mais en voyant les Cubains travailler heureux pour l'avenir
Aujourd'hui la terre est à tous, il n'y a pas d'analphabètes et même un enfant pense
Que celui qui entre à Cuba avec des airs de guerre ne pourra pas sortir

Parce que ces fusils qui hier pointaient sur le peuple opprimé
Sont ceux qui aujourd'hui défendent dans les mains du peuple sa révolution
Ceux qui dans mon coin, les militaires les portent avec deux noms
Ceux qui auront Moncho Raela, Jesusa et Ramón

Et avec ma pirogue et mon chamamé
J'ai laissé Raúl Roa et j'ai mis le cap sur mon coin encore une fois
Et aux correntins, je serai fidèle, et ici je termine
Que meurent les yankees, vive Fidel!

Escrita por: