Schefferville, Le Dernier Train
Y a plus rien au Roxy depuis quelques mois
Y a d'la neige dans la porte du vieux cinéma
Dans la rue un chien jappe et se prend pour un loup
La nuit tombe sur la ville qui m'a donné le jour
À la brasserie ça chante plus fort que d'habitude
Pour la fête à Johnny qui s'en retourne dans le sud
Mais le sud de Shefferville c'est pas la Jamaïque
C'est Québec ou Matane ou le Nouveau-Brunswick
En novembre passé ils ont fermé la mine
J'ai vu pleuré mon père sur la table d'la cuisine
C'était pas tant de perdre une job assurée
Que de voir s'évanouir le rêve de trente années
Quand je suis venu au monde ils étaient jeunes mariés
Venus trouver l'amour et la prospérité
Dans une ville inventée par une grosse compagnie
En plein nord en plein froid et en plein paradis
Aujourd'hui ça m'fais mal de voir tout l'monde partir
C'est icitte que j'suis né c'est là que j'veux mourir
Avec une caisse de douze une aurore boréale
Et la femme de ma vie couchée sous les étoiles
Couchée sous les étoiles
J'ai passé ma jeunesse à prendre les bois
À la chasse à la pêche à boire avec les gars
Un ski-doo entre les jambes et l'orgeuil dans le coeur
Je suis devenu un homme et j'ai connu la peur
Sur les traces de mon père j'suis parti travailler
Et la mine de fer est devenue réalité
Comme l'amour de ma femme et la chaleur de mon foyer
Et la peur de m'faire prendre tout ce que j'ai gagné
Aujourd'hui ça m'fais mal de voir tout l'monde partir
C'est icitte que j'suis né c'est là que j'veux mourir
Avec une caisse de douze une aurore boréale
Et la femme de ma vie couchée sous les étoiles
Couchée sous les étoiles
Et au bout de la ligne c'est l'histoire qui décide
Si le poids de nos rêves nous entraîne dans le vide
J'suis monté à pied sur la côte du radar
J'ai vu mourir ma ville sous le soleil du nord
C'est pas moé qui peux changer le cours de la vie
Si y a personne qui reste j'vas partir moi aussi
Pis c'est moé qui veux fermer les lumières de la ville
Lorsque le dernier train partira pour Sept-Îles
Lorsque le dernier train partira pour Sept-Îles
Schefferville, El Último Tren
Ya no hay nada en el Roxy desde hace unos meses
Hay nieve en la puerta del viejo cine
En la calle un perro ladra y se cree un lobo
La noche cae sobre la ciudad que me vio nacer
En la cervecería se canta más fuerte de lo habitual
Por la fiesta de Johnny que se va al sur
Pero el sur de Shefferville no es Jamaica
Es Quebec o Matane o New Brunswick
En noviembre pasado cerraron la mina
Vi a mi padre llorar en la mesa de la cocina
No era tanto perder un trabajo seguro
Como ver desaparecer el sueño de treinta años
Cuando nací, mis padres eran jóvenes casados
Vinieron en busca de amor y prosperidad
En una ciudad inventada por una gran compañía
En el norte, en el frío y en el paraíso
Hoy me duele ver a todos irse
Aquí es donde nací, aquí quiero morir
Con una caja de doce, una aurora boreal
Y la mujer de mi vida acostada bajo las estrellas
Acostada bajo las estrellas
Pasé mi juventud en los bosques
Cazando, pescando, bebiendo con los chicos
Una moto de nieve entre las piernas y el orgullo en el corazón
Me convertí en un hombre y conocí el miedo
Siguiendo los pasos de mi padre, fui a trabajar
Y la mina de hierro se convirtió en realidad
Como el amor de mi esposa y el calor de mi hogar
Y el miedo de perder todo lo que gané
Hoy me duele ver a todos irse
Aquí es donde nací, aquí quiero morir
Con una caja de doce, una aurora boreal
Y la mujer de mi vida acostada bajo las estrellas
Acostada bajo las estrellas
Y al final, es la historia la que decide
Si el peso de nuestros sueños nos arrastra al vacío
Subí a pie la colina del radar
Vi morir a mi ciudad bajo el sol del norte
No soy yo quien puede cambiar el rumbo de la vida
Si no queda nadie, me iré también
Y soy yo quien quiere apagar las luces de la ciudad
Cuando el último tren parta hacia Sept-Îles
Cuando el último tren parta hacia Sept-Îles