Chambre meublée
Mon voisin, M, sanchez, a une chambre nue et rose
La mienne est bleue mais meublée
Car je ne suis pas Sanchez
J'en ai une
Elle a même un dossier
Dossier qui a été spécialement étudié par un certain commissaire
Commissaire dit: Visionnaire
Parce qu'il avait des visions
Autour de ma chambre: Il y a quatre murs et quatre coins
Aussi bien des coins que des murs, s'il y en avait davantage, j'en ferais de la confiture
Mais pour si peu ça ne vaut pas la peine
D'ailleurs, où la mettrais-je, moi qui ai toujours manqué de pots?
Même la peau de mes coudes qui est pour ainsi dire vendue d'avance à un monsieur
Qui fait des blagues
Ce monsieur, c'est un monsieur qui a acheté ma peau, je ne sais pas comment
L'appeler mais lui, il sait, c'est son métier
Ce qui m'ennuie, c'est qu'il m'avait promis des arrhes et je n'ai encore rien reçu
Mais que faire?
Je ne vais pas aller jusqu'à lui toucher le, les arrhes?
Il penserait que je lui cherche la petite bête, que je le prends pour un escroc
(Et c'en est pas un), il est du genre plutôt câlin et tout le monde sait bien que
Les escrocs griffent
Mais, revenons à ma chambre, voulez-vous?
En tout bien tout honneur
Nous parlions des murs
Eh bien, ces quatre murs sont ornés de deux lithos
La première représente une bonne partie de mes économies et l'autre le complément
Ces lithos, qui font partie d'une collection célèbre intitulée Les travailleurs matinaux
Sont aveuglantes de vérité
C'est pourquoi, quand on les examine, on n'y voit absolument rien
Et l'on ne peut qu'admirer et se dire
Ah, ces travailleurs matinaux qui sont sortis de leurs lithos
Moi c'est différent, j'aime beaucoup rester couché
Parce que quand j'étais petit, j'ai été malade
C'est pourquoi, la plupart du temps je couche sur une couche qui est d'ailleurs faite
D'une couche de limon que j'ai obtenue en faisant macérer des grands bas dans du
Vinaigre
Et je couche dans cette boue que l'on appelle limon de grands bas
Et je suis bien dans cette boue
Il me suffit de penser que tout ce qui m'entoure est de boue alors que je suis couché
Pour éprouver une perverse volupté
Un jour un jeune abbé qui me rendait visite me dit
Je ne me sens pas à ma place ici-bas
Alors, je l'ai accroché au plafond, pour le remettre à sa place
Car je suis ordonné moi aussi
Et comme cet abbé est accroché au plafond depuis plus de cinq ans
On peut dire que ça fait déjà un bon lustre
Et de plus, comme ce pauvre abbé est très myope, je lui ai laissé ses lunettes
Avec ses carreaux, on peut l'appeler l'abbé vitré
Ça me pose auprès des gens à qui je dis
Dans mon appartement, on a une vue exceptionnelle de l'abbé vitré
C'est ainsi que tous les matins je prends le petit des Jeunets
Les Jeunets sont mes voisins de palier, et leur petit est d'une naïveté touchante
Il se laisse prendre à tous les coups
Après on rit, mais on rit
On se fait des pinçons, on se fait des mimis, on joue à Mimi-Pinson dans ma petite
Mansarde
Malgré toutes ces joies, je rêve au jour où je pourrai quitter cette ville vieille, et avoir
La campagne pour compagne
J'y bâtirai une maison
Et qui m'empêcherait, au prix où sont les œufs, de la bâtir avec des œufs que je
Peindrais en vert?
Pourquoi ne vivrais-je pas dans une maison d'œufs verts?
Je n'ai rien à cacher, moi, je n'ai rien à cacher
Vous voulez voir mon pied?
Habitación amueblada
Mi vecino, M, Sánchez, tiene una habitación vacía y rosa
La mía es azul pero amueblada
Porque no soy Sánchez
Yo tengo una
Incluso tiene un respaldo
Respaldo que fue especialmente estudiado por un cierto comisario
Comisario que dice: Visionario
Porque tenía visiones
Alrededor de mi habitación: Hay cuatro paredes y cuatro esquinas
Tanto esquinas como paredes, si hubiera más, haría mermelada
Pero por tan poco no vale la pena
Además, ¿dónde la pondría yo, que siempre he carecido de frascos?
Incluso la piel de mis codos que está, por así decirlo, vendida de antemano a un tipo
Que hace bromas
Este tipo, es un tipo que compró mi piel, no sé cómo
Llamarlo, pero él sí sabe, es su trabajo
Lo que me molesta, es que me había prometido un adelanto y aún no he recibido nada
Pero, ¿qué hacer?
No voy a ir a tocarle, el, los adelantos?
Pensaría que le busco tres pies al gato, que lo tomo por un estafador
(Y no lo es), es del tipo más cariñoso y todo el mundo sabe que
Los estafadores arañan
Pero, volvamos a mi habitación, ¿les parece?
Con todo respeto
Hablábamos de las paredes
Bueno, estas cuatro paredes están adornadas con dos litografías
La primera representa una buena parte de mis ahorros y la otra el complemento
Estas litografías, que forman parte de una colección famosa titulada Los trabajadores matutinos
Son deslumbrantes de verdad
Por eso, cuando las examinas, no ves absolutamente nada
Y solo puedes admirar y decir
Ah, esos trabajadores matutinos que han salido de sus litografías
Yo soy diferente, me gusta mucho quedarme acostado
Porque cuando era pequeño, estuve enfermo
Por eso, la mayor parte del tiempo duermo en una cama que, por cierto, está hecha
De una capa de limo que obtuve al hacer macerar medias grandes en
Vinagre
Y duermo en este barro que se llama limo de medias grandes
Y estoy bien en este barro
Solo necesito pensar que todo lo que me rodea es barro mientras estoy acostado
Para experimentar una perversa voluptuosidad
Un día un joven abad que me visitaba me dijo
No me siento en mi lugar aquí abajo
Entonces, lo colgué del techo, para devolverlo a su lugar
Porque yo también estoy ordenado
Y como este abad ha estado colgado del techo por más de cinco años
Se puede decir que ya ha pasado un buen tiempo
Y además, como este pobre abad es muy miope, le dejé sus gafas
Con sus cristales, podemos llamarlo el abad vitrado
Eso me da prestigio entre la gente a quienes les digo
En mi apartamento, tenemos una vista excepcional del abad vitrado
Así es como todas las mañanas tomo al pequeño de los Jeunets
Los Jeunets son mis vecinos de pasillo, y su pequeño es de una ingenuidad conmovedora
Se deja engañar en todos los trucos
Después reímos, pero reímos
Nos hacemos pinchos, nos hacemos mimos, jugamos a Mimi-Pinson en mi pequeño
Ático
A pesar de todas estas alegrías, sueño con el día en que podré dejar esta ciudad vieja, y tener
El campo como compañera
Ahí construiré una casa
¿Y quién me impediría, con el precio de los huevos, construirla con huevos que yo
Pintaría de verde?
¿Por qué no viviría en una casa de huevos verdes?
No tengo nada que ocultar, yo, no tengo nada que ocultar
¿Quieres ver mi pie?