Allez l'ami
Allez, l'ami, viens par ici
Pour cette fois, ce s'ra pas toi
Qui viendra chialer chez moi
Tu vois, t'arrives et j'pleure déjà.
Allez, l'ami, reste un peu ce soir
On va s'cracher nos vies dans l'noir
On f'ra un bras d'fer de nos malheurs
A même pas chercher si y a un vainqueur.
Allez, l'ami, c'est l'heure de boire
On f'ra la peau à nos histoires
D'encore un p'tit salaud qui s'barre
D'encore une chieuse qu'arrive trop tard.
Allez, l'ami, la nuit est longue
On va s'goinfrer, bouffer des ongles
Vomir sur ceux qu'on aime encore
Ça f'ra du bien même si ça nous tord.
Allez, l'ami, pis quand on s'ra bien ivres,
On dira qu'c'est l'désespoir qui fait vivre,
Qu'c'est pas l'moment d'se faire la malle
Quand ça peut pas aller plus mal.
J'ai bien envie qu'on m'dise "je t'aime"
On m'le dit pas
Y a bien longtemps qu'j'entends plus ça
Qu'au cinéma.
J'suis pourtant pas difficile, tu sais bien
A part tout, j'demande rien
Pour guérir ma solitude, je prends
N'importe quel merdique amant.
Les arbres de nos cœurs ont poussé
Sur lesquels on avait gravé
Bien des noms, déformés au rythme où on s'écorce
Bien des cris, déchirés au temps où on s'écorche.
Allez, l'ami, c'est l'heure d'y croire
On s'rait étanches comme des passoires
On répondrait de rien, et pas au téléphone
On oublierait un brin les trouillards et les connes.
Allez, l'ami, on f'rait semblant de rien
Et puis on s'marrerait comme des gamins
Et dans tes rires et dans les miens
Y aurait des larmes remises à demain
Y aurait nos morts remises à demain.
Vamos, amigo
Vamos, amigo, ven por aquí
Esta vez, no serás tú
Quien vendrá a llorar a mi casa
Ves, llegas y ya estoy llorando.
Vamos, amigo, quédate un rato esta noche
Vamos a escupir nuestras vidas en la oscuridad
Haremos un pulso con nuestras desgracias
Sin siquiera buscar si hay un ganador.
Vamos, amigo, es hora de beber
Desnudaremos nuestras historias
De otro maldito que se va
De otra loca que llega demasiado tarde.
Vamos, amigo, la noche es larga
Vamos a empacharnos, comer uñas
Vomitar sobre aquellos a quienes aún amamos
Nos hará bien aunque nos retuerza.
Vamos, amigo, y cuando estemos bien borrachos,
Diremos que es la desesperación la que nos hace vivir,
Que no es momento de largarse
Cuando no puede ir peor.
Tengo muchas ganas de que me digan 'te quiero'
No me lo dicen
Hace mucho tiempo que no escucho eso
Solo en el cine.
Sin embargo, no soy exigente, tú sabes
Aparte de todo, no pido nada
Para curar mi soledad, acepto
Cualquier amante miserable.
Los árboles de nuestros corazones han crecido
Sobre los cuales habíamos grabado
Muchos nombres, deformados al ritmo en que nos desgarramos
Muchos gritos, desgarrados en el tiempo en que nos lastimamos.
Vamos, amigo, es hora de creer en ello
Seríamos impermeables como coladores
No responderíamos a nada, y no al teléfono
Olvidaríamos un poco a los cobardes y las tontas.
Vamos, amigo, haríamos como si nada
Y luego nos reiríamos como niños
Y en tus risas y en las mías
Habría lágrimas pospuestas para mañana
Habría nuestros muertos pospuestos para mañana.