Le taureau et l'enfant

Le sable est un grand lit de feu
Le soleil joue les picadors
L'enfant somnole bienheureux
Le taureau cueille un bouton d'or

Il est midi, l'arène est vide
Vide de gloire, vide de sang
Y a juste un p'tit taureau timide
Qui fait de l'ombre à un enfant

La foule crie, l'enfant est debout
Tout nu, tout seul devant la mort
Le taureau croule à ses genoux
C'est le plus grand des matadors

Au bout d'un rêve triomphant
Est né le prince des arènes,
Pour ne pas réveiller l'enfant
Le taureau retient son haleine

Cent fois l'enfant tue le taureau
Et le taureau aime l'enfant
Le taureau berce son bourreau
Les taureaux ne sont pas méfiants

La foule crie, l'enfant est debout
Tout nu, tout seul devant la mort
Le taureau croule à ses genoux
C'est le plus grand des matadors

Ivre de sang, la foule exulte
Si fort qu'elle réveille l'enfant
Son rêve meurt dans le tumulte
Comme un soleil dans le néant

Tout souriant, l'enfant se lève
Mon Dieu, mon Dieu, que c'était beau !
Mais le taureau devine son rêve
Y a-t-il des larmes de taureau ?

Le soleil meurt, couleur de sang
Et sombre dans le ciel livide
Devant un p'tit taureau timide,
Un homme a tué un enfant.

El toro y el niño

La arena es un gran lecho de fuego
El sol toca a los picadores
El Beato Niño Dormilón
El toro elige un botón dorado

Es mediodía, la arena está vacía
Vacío de gloria, vacío de sangre
Sólo hay un pequeño toro tímido
Que ensombrece a un niño

La multitud grita, el niño está de pie
Desnudo, solo antes de la muerte
El toro se arrastra de rodillas
Es el mayor matador

Al final de un sueño triunfal
El príncipe de las arenas
Para no despertar al niño
El toro aguanta la respiración

Cien veces el niño mata al toro
Y el toro ama al niño
El toro arruina a su verdugo
Los toros no sospechan

La multitud grita, el niño está de pie
Desnudo, solo antes de la muerte
El toro se arrastra de rodillas
Es el mayor matador

Borracho de sangre, la multitud se regocija
Tan fuerte que despierta al niño
Su sueño muere en el tumulto
Como un sol en la nada

Mientras sonríe, el niño se levanta
¡Dios mío, Dios mío, qué hermoso era!
Pero el toro adivina su sueño
¿Hay lágrimas de toro?

El sol muere, color de la sangre
Y oscuro en el cielo lívido
Delante de un tímido bulo
Un hombre mató a un niño

Composição: Salvatore Adamo