395px

Calle de Berne

Sarclo

Rue de Berne

Elle pourrit là sur son trottoir
Elle a des larmes plein les yeux
Elle a dix-huit, vingt ans, à voir
Jamais rien vu de si malheureux
Elle a un manteau gris marmotte
Des pompes à fermeture éclair
Un col en fausse fourrure pâlotte
Déglingué comme une serpillière
La tristesse et l'ennui délavent
Sa tronche et sa robe à carreaux
Elle a la peau couleur de cave
Et ses cheveux tombent comme des rideaux

Quand je passe devant, je l'entends dire
D'une voix qui fait un bruit d'évier
Que le fric est dur à obtenir
Qu'elle paie trop cher pour son pucier
Et que les hommes sont des ordures
C'est pas parce qu'ils ont du pognon
Qu'ils peuvent vous chier sur la figure
Qu'ils peuvent vous balancer des gnons

J'aime mieux pas trop penser aux types
Qui montent avec elle pour baiser
Ils doivent être dans des drôles de trips
Que y a qu'elle qui peut pas refuser
J'aime mieux pas trop penser aux rêves
Qu'elle fait quand elle veut s'en aller
Ni au Jules qu'elle a, qu'elle en crève
Qui se fout d'elle et la fait marner

Et sur nos monts, quand le soleil
Annonce un brillant réveil
Y a cette nana sur le trottoir
Qu' aurait comme un petit coup de cafard
Et sur nos monts, quand le soleil
Annonce un brillant réveil
Y a cette nana sur le bitume
Remplie à ras bord d'amertume

Mais qu'elle sait pas trop comment dire {x2}

Calle de Berne

Ella se pudre ahí en su acera
Tiene lágrimas en los ojos
Tiene dieciocho, veinte años, al ver
Nunca ha visto algo tan desdichado
Tiene un abrigo gris marmota
Zapatillas con cierre relámpago
Un cuello de piel falsa pálida
Desgastado como un trapo de piso
La tristeza y el aburrimiento desvanecen
Su cara y su vestido a cuadros
Tiene la piel color de cueva
Y su cabello cae como cortinas

Cuando paso frente a ella, la escucho decir
Con una voz que suena como un fregadero
Que el dinero es difícil de conseguir
Que paga demasiado por su cuchitril
Y que los hombres son basura
No es porque tengan dinero
Que pueden cagarte en la cara
Que pueden golpearte

Prefiero no pensar mucho en los tipos
Que suben con ella para acostarse
Deben estar en cosas raras
Que solo ella no puede rechazar
Prefiero no pensar mucho en los sueños
Que tiene cuando quiere irse
Ni en el Jules que tiene, que la hace sufrir
Que se burla de ella y la hace trabajar

Y en nuestras colinas, cuando el sol
Anuncia un brillante despertar
Hay esta chica en la acera
Que parece un poco deprimida
Y en nuestras colinas, cuando el sol
Anuncia un brillante despertar
Hay esta chica en el asfalto
Llena hasta el borde de amargura

Pero no sabe muy bien cómo decir

Escrita por: