Les désespérés

Los desesperados

Les désespérés

Se toman de la mano y caminan en silencioSe tiennent par la main et marchent en silence
En estas ciudades extintas que la llovizna meceDans ces villes éteintes que le crachin balance
Sólo se oyen sus pasos, tarareados paso a pasoNe sonnent que leurs pas, pas à pas fredonnés
Caminan en silencio los desesperadosIls marchent en silence, les désespérés

Quemaron sus alas, perdieron sus ramasIls ont brûlé leurs ailes, ils ont perdu leurs branches
Tan náufrago que la muerte parece blancaTellement naufragés que la mort paraît blanche
Regresaron del amor, despertaronIls reviennent d’amour, ils se sont réveillés
Caminan en silencio los desesperadosIls marchent en silence, les désespérés

Y conozco su camino por haberlo recorridoEt je sais leur chemin pour l’avoir cheminé
Ya más de cien veces, cien veces más de la mitadDéjà plus de cent fois, cent fois plus qu’à moitié
Menos viejos o más magullados, lo terminaránMoins vieux ou plus meurtris, ils vont le terminer
Caminan en silencio los desesperadosIls marchent en silence, les désespérés

Y debajo del puente, el agua es fresca y profundaEt en dessous du pont, l’eau est douce et profonde
Aquí viene la buena anfitriona, aquí viene el fin del mundoVoici la bonne hôtesse, voici la fin du monde
Gritan sus nombres, como recién casadosIls pleurent leurs prénoms, comme de jeunes mariés
Y los desesperados se desvanecen en silencioEt fondent en silence, les désespérés

El que les tira piedras, que se ponga de pieQue se lève celui qui leur lance la pierre
Del amor sólo sabe el verbo amarse a sí mismoIl ne sait de l’amour que le verbe s’aimer
En el puente no hay nada más que una ligera nieblaSur le pont n’est plus rien qu’une brume légère
Los que esperaban son olvidados en silencioÇa s’oublie en silence, ceux qui ont espéré